LUTTE CONSTANTE

En 2024, les droits reproductifs sont souvent considérés comme un acquis. Pourtant, partout dans le monde, ils restent le centre d'une lutte qui ne peut pas s'arrêter sans mettre des millions de personnes en danger.Ce projet a pour but de mettre en lumière les situations de crises autour des droits reproductifs.


En France...

Depuis le 4 mars 2024, la Constitution garantit la liberté d'une femme d'avoir recours à l'IVG. Cependant, tout n'est pas encore gagné : le texte de la Constitution parle spécifiquement des femmes, pas des personnes non-binaires ou des hommes transgenres, ce qui peut mener à des zones floues légales. Le texte ne parle également pas de droit à l'avortement, un choix délibéré : à cause des déserts médicaux, notamment, l'accès à l'avortement ne peut être garanti. La nécessité pour les mineurs d'être accompagnés d'un adulte peut aussi poser problème : où trouver un adulte de confiance si les parents s'opposent à l'avortement, ou si l'activité sexuelle est difficile à admettre ?

La loi bioéthique de 2021, surnommée « PMA pour toutes, » exclut les hommes transgenres de l'accès à la procréation médicalement assistée. Cette exclusion a été maintenue par le Conseil constitutionnel, saisi par le Groupe d’information et d’action sur les questions procréatives et sexuelles (GIAPS). Les hommes transgenres qui ont la capacité de procréer et aimeraient avoir recours à la PMA se retrouvent donc pris en porte-à-faux : changer leur état civil pour être reconnus en tant qu'hommes leur retire leurs droits reproductifs.

Sources :
Le Monde, Radio France
Libération

Aux États-Unis...

Au Texas, les mineurs ont besoin d'un accord parental pour avoir accès à des moyens de contraception. La loi a été maintenue par la Cour d'appel de la cinquième circonscription. Leur droit à un traitement médical confidentiel n'est pas respecté sous prétexte des droits parentaux, et les mineurs en situation familiale compliquée ou abusive peuvent se retrouver en danger.

Dans les états où l'avortement est interdit, faire une fausse couche mène à une situation législative plus qu'incertaine. En septembre 2023, des poursuites pour « atteinte à l’intégrité d’une dépouille » avaient été engagées contre Brittany Watts, une habitante de l'état de l'Ohio, où l'avortement était alors interdit après 6 semaines de grossesse. Les poursuites se basaient sur le fait qu'elle ait fait sa fausse couche dans ses toilettes. Bien que les poursuites aient été abandonnées, elle risquait un an de prison, et quinze états ont en ce moment complètement interdit l'avortement : des milliers de personnes encourent des risques similaires.

Malgré leur nature anticonstitutionnelle, plusieurs lois restreignant les déplacements dans un autre état pour obtenir un avortement ont été proposées, ainsi que des lois interdisant le « trafic d'avortement », c'est à dire l'acte d'aider une personne à obtenir un avortement. Au Tennessee, une loi interdisant toute aide à un mineur de la part d'un adulte qui n'est pas gardien légal pour accéder à un avortement (sous peine de 11 mois et 29 jours de prison) est passée au Sénat et avance vers la chambre des représentants, malgré les opposants qui pensent par exemple aux situations de viol incestueux. Une loi similaire est passée en Idaho et a été temporairement bloquée par un juge fédéral.

Sources :
The Texas Tribune, Gènéthique
The Guardian, La Presse
Courrier International, Associated Press

Au Japon...

Si l'avortement est permis jusqu'à 22 semaines au Japon, il requiert un accord marital. Officiellement, cette exigence ne s'applique qu'aux personnes mariées, mais dans le faits les médecins demandent systématiquement un accord écrit du partenaire, même si le couple n'est pas marié (avec l'exception du viol hors mariage.) Le coût n'est également pas couvert par le système de santé, et revient à l'équivalent d'entre 700 et 1400€ : l'accès à l'IVG est donc incroyablement compliqué pour les personnes précaires et jeunes ou mineures.

Au niveau de la contraception, seulement 3% des femmes japonaises utilisent la pilule contraceptive : non remboursée, uniquement sur ordonnance, nécessairement accompagnée d'un livret explicatif, et accompagnée d'un grand tabou car associée avec la libération sexuelle féminine, elle est très largement derrière le préservatif comme méthode de contraception privilégiée. La pilule du lendemain, elle, a également un coût prohibitif (peut atteindre plus de l'équivalent de 120 euros !), ne peut être obtenue qu'avec une ordonnance, et doit être prise en présence d'un médecin.

Sources :
Asialyst
Informelles

Dans l'Union Européenne...

En 2020, la Pologne a restreint l'accès à l'avortement encore plus qu'il ne l'était auparavant en interdisant la procédure en cas de malformation du fœtus. L'IVG n'est permis que si la grossesse menace la vie ou la santé de la personne, ou en cas de viol ou d'inceste, mais il reste extrêmement difficile à obtenir. Des modifications ont été approuvées en première lecture par le Parlement en avril 2024, ce qui est un bon signe pour l'avenir, mais la situation reste très difficile.

On l'oublie souvent, mais l'avortement est illégal en Allemagne. S'il n'y a pas de punition prévue pour les personnes qui y ont recours, ce n'est pas le cas pour les médecins, qui hésitent ainsi à le pratiquer. La situation est donc étrange, dans un flou juridique : chaque année, entre 90 000 et 100 000 personnes ont un avortement, mais bravent la loi pour le faire. Une Commission a recommandé récemment de légaliser l'avortement avant 12 semaines, un début vers un accès sûr et facilité à l'IVG en Allemagne.

En Italie, l'accès à l'avortement se fait de plus en plus difficile : dans le pays, plus de la moitié des gynécologues refusent de pratiquer l'IVG sur des prétextes moraux ou religieux. Dans le sud de l'Italie, ce taux de refus atteint les 80%. La pression des groupes anti-avortement se fait également ressentir : une décision, adoptée très récemment par les députés italiens, devant encore être adoptée le Sénat, autoriserait la présence de militants et d'organisations anti-IVG dans les cliniques et centres médicaux qui délivrent les certificats médicaux nécessaires à la procédure.

Sources :
Amnesty International
Courrier International, Radio France
Huffington Post, France Info

En Chine...

En Chine, la politique de l'enfant unique, mise en place au niveau national en 1979, puis assouplie en 2002 et officiellement arrêtée en 2015, a eu un effet dévastateur. Le plus connu est le déséquilibre démographique et un déficit de femmes : en 2005 naissaient 117,8 garçons pour 100 filles.
Mais au delà de ce déséquilibre, cette politique a eu des conséquences graves : stérilisations forcées, avortements contraints, toutes ces procédures sont autant de traumatismes. Le gouvernement chinois a marqué des corps et mis en dangers les enfants nés seconds malgré les restrictions, et espère maintenant voir un baby boom pour renverser la tendance démographique, traitant encore une fois les droits reproductifs comme secondaires aux intérêts du pays.

Source : Workyt


LES DROITS REPRODUCTIFS :
UNE LUTTE CONSTANTE

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Dernière mise à jour : 24 avril 2024